Vie quotidienne

Géographie

Effets de serre

La température mondiale a augmenté de près de 5 degrés en un siècle avec pour conséquence l'inondation de nombreuses plaines côtières mais également la transformation du climat dans des zones jadis impropre à l'implantation humaine, comme la Sibérie ou l'Alaska. Les grandes steppes de l'ex URSS sont aujourd'hui de vastes greniers à blé, ce qui en fait une zone particulièrement surveillée militairement à cause des populations esteuropéennes pauvres.

Atmosphère

Paradoxalement c'est la pollution qui protège les grandes zones industrielles des rayons mortels du soleil. Une grande partie de l'Europe et des ex USA vivent constamment sous un dôme de pollution filtrant. Résultat: on survit dans une drôle de lumière verte, chaude et poisseuse, une soupe épaisse qui voile constamment les étoiles et les rayons du soleil mais qui permet aussi de sortir le jour sans combinaison antiUV, ce qui n'est pas le cas partout sur Terre.

Si on veut de l'air vraiment pur il faut monter dans les Îles de la Lune, les stations de recyclage sont les seules à fournir un air biologiquement pur, ou alors se payer un ticket d'entrée dans les quelques paradis pour milliardaire construits dans une vallée encaissée des Rocheuses ou des Alpes sous un dôme filtrant.

L'augmentation de la température à des effets multiples: vague d'épidémies, éclosion massive d'insectes qui ravagent des provinces entières. La peste est désormais endémique dans tout le sous continent indien, la chaleur des silos à grain permet aux puces de se multiplier beaucoup plus vite... Les modifications thermiques du siècle passé ont entraîné des phénomènes météo très violents: tempêtes, tornades, cyclones et ce même en dehors de leurs zones traditionnelles.

Les tempêtes de printemps

Les tempêtes de printemps sont devenues coutumières. Les journalistes s'obstinent à les appeler “tempêtes” alors que depuis une dizaine d'années tout le monde admet qu'un vent dépassant les 200km/h tient plus de l'ouragan que de la tempête. Mais “tempête” fait moins peur et si on acceptait l'idée que le climat de l'Europe centrale c'était à ce point modifié qu'il était possible d'y rencontrer des cyclones tropicaux on risquait de se poser beaucoup d'autres questions sur l'état de notre bonne vieille terre. Les “tempêtes” de printemps ont au moins un avantage; dans la semaine qui les suit l'air battu et rafraîchi devient respirable...

Les nouvelles forêts tropicales

Une étrange forêt tropicale a envahi le 15e parallèle, une zone de pluie pratiquement constante favorisant sa croissance. Le sud de l'Italie, jusqu'aux premiers contreforts des Balkans s'est transformé en une jungle impénétrable, peuplée de drôles de singes mutants. On dit qu'ils sont le résultat des expériences génétiques d'un laboratoire autrichien mais la vérité est que les conditions écologiques si particulières de cette nouvelle forêt humide ont crée de nouvelles mutations complètement inconnues des zoologistes.

Urbanisme

La ville du XXIe siècle se compose de trois entités qui s'interpénètrent plus ou moins complètement: un centre résidentiel hautement surveillé où logent les cadres du TechnoBloc qui contrôle la ville, encerclé par une immense banlieue tentaculaire où se trouvent les usines automatiques et les habitations des résidants; crevée ça et là par les no man's land que constituent les Tombes et les zones non contrôlées par les forces de polices (ZUHR), où viennent se réfugier tous les parias.

De nombreux quartiers chics sont organisés autour d'un forum, vaste puits autour duquel on trouve des appartements, des commerces et des hôtels. Les étages sont desservis par des ascenseurs apparents et dans bien des cas, le seul accès possible passe par le toit et l'héliport. Raisons de cet urbanisme dit des tours muettes: le terrorisme et la pollution. À l'intérieur des forums, les résidants riches respirent de l'air pur et filtré et sont à l'abri des balles perdues.

Bien sûr les grandes cités de la côte est des USA et de la zone Europe Centre reproduisent ce schéma en le complexifiant, mais l'idée d'un centre résidentiel qui gère et contrôle une grande banlieue demeure valable dans tous les cas.

Référence
* Judge Dredd, Titan Books.

Mégapoles

Deux mégapoles dominent le monde: au Japon et en Europe. La première englobe tout l'archipel nippon et la seconde une immense zone qui va de Londres à Milan et de Berlin à Paris. Un troisième pôle de domination est en train de naître et il pourrait bien damer le pion aux deux autres: les Îles de la Lune, ces stations orbitales construites aux points Lagrange dans l'espace et qui raflent, années après années l'essentiel des productions technologiques de pointe: ordinateur biologique, biogénétique, clonage etc.

Les villes en hauteur

Ce sont des tours de 2000m de hauteur, de 200 à 600 étages, où travaillent 300 000 personnes actives, dont 140 000 résidants. On y habite et on y travaille, tous les services sont assurés à l'intérieur de la tour. Une demi-douzaine de tours en activité, chacune étant la propriété exclusive d'un TechnoBloc. On les appelle aussi les Babels (de type I, II ou III suivant leur hauteur et aspect extérieur). D'immenses compas gyroscopiques permettent aux Babels d'osciller de plusieurs degrés au gré des vents. Les Babels III disposent d'une liaison directe par guide laser jusqu'aux Îles de la Lune. Des terminaux géostationnaires permettent de passer du dernier étage de la tour aux “Îles” proches par une sorte d'ascenseur des étoiles. Ce système, encore peu utilisé, transforme les “Îles de la lune” en banlieue de la Terre, l'étage au-dessus en quelque sorte.

Les usines souterraines

Il existe des réseaux de tunnels longs de 15km reliés par des galeries de service. L'ensemble est creusé directement dans le plateau continental afin de minimiser les risques de tremblement de terre. La plupart du temps les tunnels sont utilisés pour y abriter les usines automatisées d'un TechnoBloc. Les usines sont reliées aux réseaux ferroviaires et notamment aux lignes à induction et aux MagLev qui joignent également les grands ensembles industriels entre eux.

Tombes

Complexes souterrains (ancien métro, égouts, parkings) qu'on trouve dans les grandes métropoles de la Terre. Peu à peu abandonnés par les autorités municipales, ils sont devenus le sanctuaire des réprouvés, des exclus des grandes villes. La police n'y entre pas, les Tombes ont leurs propres lois. C'est sans doute, avec les Zones Blanches, les endroits les plus dangereux de la planète. On y trouve de tout, des épaves de la société jusqu'à des fugitifs jackeurs en cavale, capables de fondre n'importe quelle Glace. Mais tous les habitants des Tombes ont un point commun: ce sont des fauves, hantés par leur passé, souvent ravagés par les drogues les plus vicieuses. Quelques noms de Tombes: New York, L.A., Paris, Le Caire.

Référence

Les Tombes sont le nom d'une vieille prison newyorkaise qui, dans les années 1950, accueillit les gangs de blousons noirs.
* New York 1997, de John Carpenter.

NightCity

La ville souterraine, une zone qui échappe à tout contrôle des TechnoBlocs voire des yakuzas. C'est le nom que l'on donne parfois aux Tombes, mais parfois également aux quartiers chauds d'une ville. En fait NightCity, un mot choisi en référence aux premiers cyberpunks, c'est le mélange des deux, ou bien la frange. On donne également le nom de NightCity à des zones obscures du Rézo, du cyberspace. Un expression courante est: “Il est allé voir à NightCity” ce qui veut aussi bien dire: il a disparu, il désire se cacher.

Les GoldenZones

Les grands centres d'affaires internationaux sont “durcis”. Toutes ces zones sont encerclées par un mur de plastacier et toutes les voies d'accès sont gardés par des postes armés. On n'entre dans ces GoldenZones que si on est possesseur d'une carte d'identité magnétique. On trouve des GoldenZones à Londres: la City, à New York: Wall Street etc.

ZUHR

Zone Urbaine à Hauts Risques (ou Zone). Banlieues tampons abandonnées par les TechnoBlocs et passées sous le contrôle d'un ou plusieurs gangs ou tribus. Les ZUHR ne doivent pas être confondues avec les Tombes, un semblant d'ordre y règne (police municipale) et quelques résidants y habitent encore. Mais les immeubles noircis et abandonnés cachent les planques des dealeurs et les territoires des gangs, la mortalité due à la délinquance y bat des records.

Killer Zone

Les bandes de sauvages urbains hantent le coeur des anciennes villes. Dans ce type de groupe, la mortalité effrayante (drogue, maladie, mort violente) fait office de facteur auto régulant, empêchant ces bandes de submerger les autorités de répression. Il n'empêche que toutes les grandes villes ont des quartiers réservés oùu la police des TechnoBlocs ne rentre pas, ce sont les “Killer Zone”. Les networks y organisent parfois des reportages commando, sortes de jeux du cirque incroyablement sanglants. Des annonces lumineuses et des bornes parlantes préviennent les touristes têtes en l'air qu'ils entrent dans une “Killer Zone” et que les autorités comme les assurances déclinent toute responsabilité sur les événements qui peuvent y survenir.

Industrie agricole

À bien des égards on peut dire que l'agriculture au sens traditionnel du terme n'existe plus. Les techniques agricoles se scindent désormais en deux branches parallèles.

-- Les cuves de production d'où sortent les unités monocellulaires qui vont servir d'aliments à l'immense majorité de la population et qu'on va aromatiser de toutes les façons possibles. Mais il s'agit là plus de biologie et de chimie industrielles que d'agriculture. La pâtée universellement connue porte le nom de Krill, du nom de la petite crevette des mers froides qui en fut la base de fabrication durant les premières années de mise au point de cette technique (et bien qu'elle ne contienne plus depuis belle lurette un atome de crevette). Hautement énergétique et nourrissant, équilibré et peu cher c'est de loin l'aliment idéal, et les sociologues ne comprennent toujours pas pourquoi il jouit d'une aussi mauvaise réputation. Depuis 10 ans, la pâte porte le nom de Soma, mais l'habitude est prise chez les plus de 16 ans de la nommer Krill.

-- Les fermes et les pêcheries de luxe qui produisent encore des “vrais aliments naturels”, mais qui sont hors de prix et réservés à des privilégiés.

Cet arrêt de la production agricole à l'échelon planétaire est une des dernières décisions de l'ONU au lendemain du XXe siècle, alors que les terres cultivables s'épuisaient et que les engrais et autres pesticides menaçaient d'empoisonner 80% des ressources d'eau douce de la planète. On n'est, dès lors, jamais revenu sur cette décision de façon significative, autant par sagesse que par calcul, l'agriculture n'étant plus depuis longtemps, un secteur rentable.

Les anciennes surfaces agricoles, lorsqu'elles existent encore, sont donc laissées à l'abandon. La terre se repose, les forêts, lentement, repoussent et gagnent, années après années le terrain perdu depuis des siècles, bien que d'immenses territoires soient encore une sorte de désert, de steppe stérile et ce d'après les experts, encore pour des siècles.

Culture & divertissement

Design

La mode est à la pureté des lignes du Japon médiéval, sans doute pour se rapprocher des habitats orbitaux qui offrent une troublante ressemblance avec les agencements des villas du Moyen Âge japonais. Vaste ensemble presque vide, éléments encastrables et télécommandables qui disparaissent dans le plancher ou les plafonds, meubles bas et coussins de toile écru ou de couleurs primaires. La miniaturisation des objets de consommation courante permet de se déplacer sans mal avec un terminal Blaupunkt ou Sony et se brancher via le Rézo pour avoir accès à tout le savoir du monde (ce qu'un commentateur, reprenant le concept d'un intellectuel du XXe siècle, appela les objets nomades). Un terminal n'occupe pas plus de place que deux livres de poche de notre époque, autonome, il se branche sur des bornes courantes par infrarouge, l'écran comme le clavier sont des accessoires optionnels.

Référence
* Lignes d'Horizon, Jacques Attali, Éditions Fayard.

Rock

Le rock n'est pas mort. La preuve, les médias en vendent à la pelle. Le rock est l'amplification du blues, destiné aux masses par tous les canaux sonores. On peut comparer le phénomène de la musique moderne à celui des usines à rêves. Dans les deux cas, de puissants trusts prennent en charge le destin des artistes, les pressurent pendant quelques mois, avant de les abandonner sur le bord de la route comme autant d'écorces vides.

Mais actuellement, les gangs d'adolescents pratiquent une forme de musique descendant directement du rap (qui avait disparu pendant trente bonnes années, remplacé au top des ventes par les musiques de publicités ringardes des années 1950). Elle utilise les médias sonores, vidéo, chimiques et informatiques en les récupérant, les samplant, les mélangeant. Le but est une sursaturation du spectateur, l'obligeant à l'éveil ou à l'assourdissement de la conscience. Petite recette pour se faire un idée du rap de 2080: mettez en même temps les Beasties Boys, Beethoven et Gershwin; branchez six écrans en zap intégral avec Autant en emporte le vent, le network CBS News, deux feuilletons ringards, un jeu TV et un jeu interactif; enfilez-vous une dizaine de cocktails (restons dans la légalité); programmez des réveils automatiques pour vos voisins, ainsi que quelques alertes terroristes en face de chez vous. Le mieux c'est d'y rajouter un feu d'artifice!

Référence
* Rock Machine, Norman Spinrad, Ailleurs & Demain.
* Demolition Man, de Marco Brambilla (1993) avec Sandra Bullock.

Paper's act

Il s'agit d'une loi édictée par plusieurs grands TechnoBlocs et qui offre d'importantes subventions à tout network publiant ses productions avec un certain quota de mots, plutôt que de passer par des images, des vidéos ou directement des séquences rétiniennes subliminales.

Le Paper's act fut décidé il y a une dizaines d'années lorsqu'on s'aperçut d'une grande partie de la population ne savait plus lire. Certains auteurs pensent qu'il s'agit d'un combat d'arrière garde; en effet la société du XXIe siècle, avec ses logos, ses icônes, ses symboles peut tout à fait se passer de la lecture. Même un cadre supérieur a la possibilité d'exécuter correctement son travail sans jamais avoir à lire une seule ligne papier, alors à quoi bon ces vieilles lubies? Le débat reste ouvert, quoi qu'il en soit le Paper's act permet à bon nombre de publication rétro intellectuelles de survivre. Reste que plus de la moitié de la population de l'hémisphère nord ne sait pas lire, le taux est un peu plus faible sur les Îles de la Lune.

Casinos

Les casinos, comme tous les jeux d'argent et les paris, sont une activité en pleine expansion. C'est là que les résidants, sans aucun espoir de promotion sociale peuvent tenter leur chance et gagner des fortunes. Le phénomène est rare mais les gagnants sont surmédiatisés et entretiennent ainsi les rêves d'évasion de millions de pauvres gens.

Les casinos sont le plus souvent contrôlés par le yakuza, bien que certains TechnoBlocs aient construit leur casino sur leur territoire. En l'absence de tout espoir, le jeu est devenu un phénomène général envahissant tous les aspects de la vie quotidienne des résidants. On joue et on parie sur tout et à propos de tout, les casinos ne sont que la partie visible de l'iceberg. Chaque résidant connaît un bookmaker qui est prêt à enregistrer un pari sur n'importe quoi.

Arènes

On trouve également dans les bas fonds, pour les amateurs de sensations plus fortes, des casinos clandestins qu'on appelle les Arènes. On y pratique des jeux plus dangereux, des matchs entre greffés, des combats hommes/chimères. Les cadres des grands TechnoBlocs viennent y sentir le goût du sang, les résidants et les rônins y risquer et y perdent leur vie pour quelques écus. Normalement les Arènes n'existent pas et aucun TechnoBloc n'admettra avoir une Arène sur son territoire. Ce qui est le plus souvent exact, les Arènes étant construites sur des territoires neutres ou dans les Tombes.

Référence
* Rollerball, de Norman Jewison (1975), avec James Caan.

Dômes

Structure qu'on trouve partout, accueillant des concerts ou des manifestations sportives qui sont les deux spectacles principaux proposés aux résidants des TechnoBlocs. Leur nom est toujours composé avec un préfixe, ex: MétaDôme, SuperDôme, etc. On y organise également les rencontres des guerres privées, comme les tournois ou les petits engagements. Le dôme se transforme alors en arène de cirque antique. Les gradins sont envahis par la foule des supporteurs des deux TechnoBlocs en guerre et il n'est pas rare que la rencontre se termine par une bataille rangée. C'est pour cette raison que tous les dômes sont équipés de protections antiémeutes.

Le dôme (comme les casinos, les jeux TV et les Arènes) fait partie du système général visant à maintenir la population inactive dans une profonde torpeur. “Qui dort ne pense pas à autre chose”.

Référence
* Mad Max III, au-delà du dôme du tonnerre, de George Miller (1985), avec Mel Gibson et Tina Turner.

Courses solaires

Les voiles solaires qui se livrent à des courses somptueuses et sans merci d'un point à l'autre du système solaire engagent de gros paris, contrôlés par le yakuza. C'est, avec les guerres privées, le “sport” le plus médiatisé, c'est aussi le plus beau et le plus dangereux.

Les courses solaires ont lieu dans l'espace, à bord de grandes voiles qui absorbent l'énergie solaire pour atteindre des vitesses vertigineuses. Une voile peut faire plusieurs kilomètres carrés de surface, c'est l'unique moyen de propulsion du pilote, et c'est un spectacle très prisé que de les voir évoluer depuis les passerelles des Îles de la Lune.

La course elle-même dure plusieurs mois jusqu'à une balise satellite dans l'espace.

Entre deux saisons, il n'est pas rare que les pilotes de voile pratiquent des courses d'hovertanks, afin de gagner des fonds pour la prochaine envolée. Il s'agit de rallyes de minihovercrafts, blindés et armés, à travers les Zones Blanches. Bien sûr, les plus grands pilotes de voile sont passés par les hovertanks et préfèrent s'y risquer le moins possible.

Les pilotes de voiles, comme les chanteurs de rock et les rêveurs sont des stars adulées par les foules des résidants.

Référence
* Les Seigneurs de l'instrumentalité, Cordwainer Smith, Presses Pocket.

Drogues

L'industrie pharmaceutique du XXIe siècle est parvenue à synthétiser à peu près n'importe quelle drogue pour n'importe quel usage, la grande majorité étant en vente libre. Le seul vrai interdit est celui des drogues addictives. On peut donc maintenant se défoncer la tête tout à fait légalement (tant que l'on reste dans un cadre privé), mais on ne peut ni vendre ni acheter des substances qui rendent chimiquement “accro” (la dépendance psychique est un autre problème). On peut absorber des drogues afin de bloquer des fonctions naturelles comme la douleur, le stress, etc. Mais il faut toujours en payer le prix, car personne n'est encore parvenu à maîtriser le phénomène de la “descente”. S'il est banal de se procurer un timbre permettant de rester éveillé une semaine entière, personne ne sera là pour vous tenir la main lorsque la drogue cessera son effet et que votre corps demandera le paiement de ces sept jours et sept nuits de veille.

Référence
* Gravité à la manque, Georges Alec Effinger, Présence du futur.

VidéoDrogues

Système de codage subliminal à base d'E.B.F. (Extrême Basse Fréquence) envoyant au cerveau l'ordre de produire massivement des endomorphines afin de plonger le patient dans un complet état d'hébétement. Le système de codage peut être appliqué à n'importe que moyen de diffusion en direction d'un des cinq sens.

Les premières expériences de VidéoDrogues (ou drogues numériques) furent tentées par les networks afin de fidéliser leurs auditeurs. À la suite du scandale de Reno et à la mort de quatre-vingt-cinq téléspectateurs intoxiqués par les VidéoDrogues, le conseil des Sept Dragons interdit l'usage de cette technique sous peine de dissolution immédiate pour l'entreprise convaincue de ce forfait. Ce fut le premier crime fédéral de l'histoire moderne.

Officiellement les recherches sur les VidéoDrogues ont cessé, mais on trouve régulièrement des comptes rendus de morts suspectes et des dossiers sur des recherches dans des laboratoires clandestins ayant un rapport avec cette technique.

Référence
* Max Headroom.

Les RetroLands et la mode du surviving

Les RetroLands existent depuis une vingtaine d'années, certains auteurs disent qu'ils sont les héritiers des parcs d'attractions de la fin du siècle dernier. Les RetroLands ont plusieurs spécificités.

Tout d'abord ils sont spécialisés dans la recréation minutieuse d'une époque de la terre (Moyen Âge japonais, conquête de l'ouest américain, Renaissance européenne etc). Ensuite les visiteurs doivent se comporter, se vêtir et strictement observer les règles et les modes de vie de l'époque qu'ils visitent sous peine d'être immédiatement exclu du parc (et non remboursés voir attaqués en justice). Enfin certains visiteurs peuvent décider de passer plusieurs jours, voir plusieurs mois, voir plusieurs années dans un rétro land. Durant tout ce laps de temps, ils vivent réellement à l'époque choisie, ils en gouttent tous les avantages mais aussi tous les inconvénients - les amateurs des Croisades se souviendront toute leur vie du poids des armures du XIIe siècle et de la chaleur qu'il fait dessous durant l'été libanais. On compte plusieurs dizaines de RetroLands sur tous les continents. Les plus importants se trouvent sur le territoire des ex USA et en amérique du Sud.

Certains parcs extrémistes vont même jusqu'à recréer totalement la simulation, y compris dans ses épidémies et ses risques de morts violentes. On dut d'ailleurs fermer le parc de Nao Sao Paulo consacré au moyen âge à la suite de l'épidémie de peste noire, l'affaire fit plus de huit cent morts! De même le parc de Nagoya sur le Shogunat japonais déplore régulièrement le décès de plusieurs de ses clients à la suite de duels entre samourais.

Le surviving consiste à passer plusieurs jours, voir plusieurs semaines dans ces parcs, les cadres stressés des TechnoBlocs en ressortent, parait-il, remis à neuf... lorsqu'ils en ressortent bien sûr!

Référence
* En attendant l'année dernière, Philip K. Dick, Livre de poche.

Chasse

Synonyme: S&D (search & destroy). Phénomène étrange, sans doute une des particularités que retiendront les historiens du XXIIe siècle. Certains pensent que la Chasse a eu comme ancêtre un jeu appelé Killer, pratiqué par les étudiants des campus américains au milieu du XXe siècle. Le principe du jeu était simple: chaque étudiant se voyait désigner une cible qu'il devait éliminer dans un temps donné à l'aide d'artifices farfelus comme un sac de farine, un pistolet à fléchettes, etc. La Chasse s'inspire du même principe. Certains pensent que toutes les Chasses du monde sont dépendantes d'une même organisation mystérieuse, d'autres penchent pour des actes isolés.

Personne ne sait exactement qui est derrière la Chasse, et même s'il y a quelqu'un. Il semble bien, d'après les enquêtes des services de contre-terrorisme des grands TechnoBlocs qu'on se trouve en face d'une galaxie de micro organisations opérant indépendamment les unes des autres, sans plan d'ensemble.

Dans tous les cas, les sociologues ne manquent pas de souligner la parenté avec les mouvements surréalistes, situationnistes ou spontanéistes du début du XXe siècle (actes gratuits, recherche de l'émotion, liberté complète, inspirations anarchistes et libertaires).

Les interrogatoires des Chasseurs pris les armes à la main n'ont jamais rien donné. Le plus souvent le meurtrier se contente de confirmer sa volonté d'exécuter sa cible pour des motifs personnels, sans aucune revendication politique.

Quelques actions revendiquées par la Chasse:

-- l'explosion du Hilton de Singapour (185 morts lors d'une réunion des triades);

-- l'assassinat de Don Gacho, narcotrafiquant colombien sur son yacht en pleine mer (aucun indice de mode d'assassinat n'a pu être mis en lumière);

-- la disparition du Général Baron Ponchartrain III responsable de la Légion Cerbère pour l'Amérique du nord.

On trouve également dans les archives des networks les traces multiples des opérations burlesques et des provocations des Chasseurs, comme l'inversion des fréquences d'émission du network porno 69 avec le canal Nouvel Office Catholique, ou la fausse annonce de l'apparition d'un OVNI sur le parthénon d'Athènes.

Pour un résidant banal, la Chasse commence le jour où il émet l'idée de tuer son prochain. Il se peut alors que quelqu'un lui assigne une cible qu'il ne connaît pas, dans le temps où la cible reçoit un avis comme quoi elle est la cible d'une Chasse. Le jeu mortel commence...

Référence
* Killer, Steve Jackon Games, édité en France par Jeux Descartes.
* La 10e victime, de Elio Petri.

Banques d'organes

Depuis quelques dizaines d'années, la greffe d'organes est totalement maîtrisée par la science médicale, mais un problème déjà présent au XXe siècle demeure: la rareté des donneurs. Conséquences du manque: on vend, très cher, et on vole lorsque c'est possible, tous les organes en plus ou moins bon état, aux morts comme aux vivants.

Certains TechnoBlocs autorisant le prélèvement automatique des organes sur les cadavres des vagabonds décédés dans la rue, c'est ainsi que s'est créé un corps de chasseurs de scalps qui amènent tous les matins aux banques d'organes leur poids de chair humaine. Plusieurs enquêtes ont prouvé que certains “chasseurs” n'hésitent pas à finir leur proie pour obtenir plus vite l'organe convoité.

L'achat d'organes “sur pieds”, comme le préconise le Dr Lombrosa, a provoqué de nombreuses et délicates affaires dans lesquelles de riches banquiers entretenaient des “parcs” de donneurs qui avaient l'obligeance de décéder dès que leur patron avait besoin d'un organe en bon état. De même, les dossiers de la police de plusieurs TechnoBlocs signalent des affaires d'enlèvements ayant pour unique objectif le vol d'un organe sur une cible préalablement sélectionnée par un médecin peu scrupuleux. En fait les trafics d'organes en tout genre sont en train de devenir pour la pègre une source de profits aussi importante que le jeu ou la prostitution.

Le Dr Lombrosa a montré, dans un article resté célèbre, les problèmes liés au trafic des chasseurs de scalps (dits wampires). En effet les organes récupérés sont d'ordinaires en assez piteux état du fait même de la condition sociale de leur ancien propriétaire. Le Dr Lombrosa s'est donc prononcé pour l'achat à des vivants, en parfaite santé, de leurs organes certifiés en bon état pour une utilisation immédiate lorsque l'organe n'est pas nécessaire à la vie du donneur, ou bien à la mort du donneur dans le cas des organes vitaux.

Référence
* Les vautours, Joël Houssin, Fleuve Noir Anticipation.
* Max Headroom.
* Judge Dredd, Titan Books.

Les agents ou pixies

Il s'agit des programmes automatiques, parfois appelés systèmes experts, qui règlent un certain nombre de tâches simples pour leur patron biologique. Ce sont des sortes de secrétaires virtuels. Un agent peut ainsi classer les messages d'une boîte aux lettres (bal), tenir à l'oeil le cours d'une valeur dans plusieurs bourses, organiser un voyage. Mais il y a plus, plusieurs agents peuvent négocier ensemble des rendez-vous pour leurs patrons respectifs ou bien sélectionner des programmes TV ou encore synthétiser des mémos sur des sujets précis.

On les appelle agents dans le jargon commercial ou de vente, mais le résidant normal les appellent pixies. Pixie évoque à la fois le lutin des contes de fées et les images (pixies) de personnages des premières générations de jeux vidéos. Le seul terme que l'on n'emploie jamais à leur propos est celui d'intelligence artificielle (mot tabou entre tous). Même si certains agents paraissent plus “intelligents” que leur maître, il s'agit officiellement de systèmes experts, jamais plus.

Certains journalistes pensent malgré tout que les agents prennent de plus en plus d'autonomie et que cela devient agaçant. On cite l'exemple d'un agent qui satura la bal de son patron car ce dernier ignorait régulièrement son rendez-vous chez le coiffeur! Autre anecdote: l'histoire de ce cadre qui voulait s'isoler pour passer un bon moment avec sa secrétaire et qui se faisait constamment retrouver par son agent qui explorait avec “intelligence” toutes les possibilités du Rézo pour mettre la main sur un téléphone à coté de son maître.

Grâce à leur modélisation dans le Rézo et l'HyperNet, les agents sont devenus de plus en plus humains. La plupart ont des “permis” et des “comptes” qui fixent leur autonomie par rapport à leur patron. Par exemple la possibilité de placer de l'argent jusqu'à un certain plafond.

Dans le Rézo, il est désormais de plus en plus difficile de savoir si on a à faire à un humain branché ou à un agent. Ce problème n'existe pas dans la Matrice où les agents apparaissent automatiquement comme des programmes.

Il y a plus fort. Relié à un projecteur holographique, un agent peut “s'incarner” dans le monde biologique dans ce que l'on appelle aussi un infoclone. Sous certaines conditions il est d'ores et déjà très difficile de faire la différence entre un agent et un humain.

Il existe également plusieurs rumeurs non vérifiées qui parlent d'un détournement d'agent. Un groupe serait parvenu à contrôler l'agent d'un patron sans que ce dernier s'en aperçoive et l'aurait fait ainsi tomber dans un piège. C'est théoriquement possible, il suffit de briser le code d'appartenance de l'agent. On parle aussi d'un agent retourné de la même façon qui serait parvenu à faire chanter son patron, l'homme serait tombé amoureux de sa secrétaire électronique, et un groupe yakuza en aurait profité.

Normalement un “pixie” doit constamment porter visiblement sur lui un badge l'identifiant comme étant un agent informatique, un logiciel. Bien entendu en dehors des zones surveillées par les grands TechnoBlocs, cette règle n'est que très rarement suivie. Par contre, les programmes agents les plus connus ont des apparences standardisées, secrétaires Marylin ou Velda, majordome Alfred ou Albert, etc.

Référence
* Convoi, Humanoïdes Associés.
* Robocop, série TV.

La loi et l'ordre

Police scientifique

Les traditionnels rubans jaunes délimitant la scène du crime ont depuis longtemps laissé la place à des émetteurs laser bleus qui quadrillent la zone. Des sondes de diagnostic lévitent gravement d'un bout à l'autre de la zone, enregistrant en l'état la moindre particule de poussière. Les robots sondes vont patrouiller ainsi durant plusieurs heures, leur micro analyse permettra de connaître le lieux du crime dans tous ses détails: nombre d'individus y ayant séjourné depuis 24h, code ADN des plus récents, etc. On a coutume de dire que les robots sondes résolvent 85% des enquêtes sur analyse, reste à aller cueillir de contrevenant.

Astéroïde prison & MurMorgue

Le concept de l'incarcération a beaucoup évolué depuis la fin du XXe siècle. Désormais seuls les contrevenants aux lois les plus graves d'un TechnoBloc sont condamnés à une peine de travaux forcés dans l'un des domaines du TechnoBloc en question. Les lieux de détention se trouvent généralement dans les installations à hauts risques ou aux conditions de vie pénibles. Astéroïde minier de la ceinture, mines de la Lune, ferme aquatique, champs de recherche polaire. Les condamnés deviennent alors les véritables esclaves du TechnoBloc le temps de leur peine.

Les criminels les plus endurcis, les fous dangereux et les psychopathes sont soignés dans des MurMorgues avant, pendant ou après l'accomplissement de leur peine par une technique qui s'apparente au Synthivers. Un MurMorgue est un parc de caissons cryogéniques où l'on conserve les corps en animation suspendue. Pendant leur incarcération, des techniques d'hypnoéducation essayent de “réadapter” les criminels à la vie normale, mais le résultat est pour l'instant plus proche du lavage de cerveau. Comme de bien entendu, les MurMorgues sont sources de nombreuses rumeurs: camp de concentration pour prisonniers politiques, réserve d'organes pour patients fortunées. Certaines sont vraies, d'autres fausses, la plupart ne sont que de légères exagérations.

Référence
* Carmen Mc Callum, de Duval et Gess, Éditions Delcourt.
* Demolition Man, de Marco Brambilla (1993).

Numéro d'Identification (ID)

À la fois numéro de téléphone, de fax, de réseau, que tout habitant des alliances ou des TechnoBlocs possède dès sa naissance. Le code change une fois, le jour de sa majorité, et à partir de cette date on possède un ID complet. Un ID restreint permet de couper automatiquement certaines communications interdites aux mineurs, ou de bloquer des commandes non autorisées par les parents du mineur. Un numéro d'identification terminé par un [[florin]] indique que l'on est en présence d'un mineur. D'autres terminaisons indiquent des personnes en liberté surveillée, ou en responsabilité restreinte.

Référence
* Cyber Patrol(TM), www.microsys.com/cyber.

White label

Sauf pour les cas jugés grave, depuis déjà plus d'un siècle, les prisonniers circulent librement dans nos villes. Les progrès du contrôle à distance et des broches d'inhibitions ont permit de ranger les cellules de prison au magasin des accessoires.

Pour s'évader, il n'y a alors plus d'autres moyen que de se créer une forme d'anonymat, avoir un nouvelle identité ou pas d'identité du tout. Chaque méthode à ses avantages et ses défauts. Ne pas avoir d'identité permet de ne pas être traqué, ni fiché, mais interdit l'accès à nombre de services. Cette méthode s'appelle devenir un “white label”, c'est-à-dire avoir un numéro d'identité vide, ou blanc. On appelle les premiers des Anges, ou Angelas. D'autres préfèrent se créer une nouvelle identité, histoire de pouvoir utiliser des transports en commun, des cartes de crédit, etc. Ces derniers disent devenir des Ruth, ou Démons.

Quoiqu'il en soit, l'une et l'autre méthode réclame de l'argent, du temps, et des contacts très bien placés dans les réseaux informatiques.

Référence
* Traque sur Internet (The Net) de Irwin Winckler (1995), avec Sandra Bullock.

Écoute satellites

On sait depuis le siècle dernier que toutes les communications téléphoniques, informatiques et autres sont écoutées. Le principe est simple et relativement imparable: depuis plus de cent ans, et systématiquement depuis la généralisation des téléphones cellulaires, toute communication passe par un relais satellite. Pour grimper sur ce relais, les communications sont transformées en ondes, des capteurs sont à l'écoute de ces ondes.

Les grands TechnoBlocs possèdent des départements d'écoute indépendants, ils sont équipés de systèmes experts programmées pour déclencher des enregistrements lorsque leur balayage passe sur un certain nombre de mots ou de noms clefs.

Le procédé est plus ou moins fiable puisque les personnes concernées ont appris depuis longtemps à s'exprimer sous forme de code ou à durcir leurs communications de façon à ce qu'une écoute soit difficile ou très rapidement identifiée. Certains spécialistes ne sont pas loin d'affirmer que les écoutes tout azimut ont fait leur temps. Elles demandent une grosse immobilisation de matériel pour des résultats de plus en plus décevants.

Les Maraudeurs de Merril ont été récemment victime d'une belle manipulation ayant justement pour base ce type d'écoute. Un petit commando à sciemment émis un certain nombre de motcodes qu'ils savaient déclencher l'alerte pour attirer les hommes de la Force à 500km. du lieu où ils allaient frapper.

Référence
* Lumière virtuelle, de William Gibson, J'ai Lu.

Âme zombie

Des bruits ont toujours couru que certains prisonniers politiques ou certains espions ou scientifiques exfiltrés contre leur gré ont été et sont encore soumis à des tortures chimiques qui s'apparentent au CosmoRêve(TM). On précipite la malheureuse victime dans un rêve contrôlé dans lequel elle va rencontrer ses frayeurs primordiales. Lorsque la tension devient trop forte, elle est réveillée quelques secondes, le temps que les geôliers la replonge dans son enfer virtuel. Cette technique est un prolongement des techniques de conditionnement mises en place dans les MurMorgues pour soigner les psychopathes et que les journalistes ont baptisé “Âme zombie”.

Cette méthode de torture a été condamnée par le Grand Conseil des Sept Dragons mais de nombreux témoignages font état de son utilisation encore aujourd'hui dans de nombreux TechnoBlocs. Les études médicales sont formelles. Au bout d'une centaine d'heures de ce traitement, la moitié des victimes décèdent d'un arrêt cardiaque tandis que l'autre moitié sombre lentement dans la folie.

Référence
* 1984, Georges Orwell, 10/18.
* Le voyage gelé, Philip K. Dick, Présence du Futur.

Logiciels & marché noir

Les logiciels courants (cailloux) et de faible puissance se trouvent dans n'importe quelle grande surface automatique. Les logiciels plus spécifiques et notamment tous les programmes de BriseGlace militaire ne peuvent s'obtenir que par le marché noir, dans les stocks d'un TechnoBloc ou d'une Force Merc. Un jackeur solo n'a normalement pas accès à ce genre de matériel. Il faudra donc qu'il tente sa chance au marché noir, avec tous les risques que cela comporte: mauvaises rencontres, matériel défectueux, balance aux autorités, pénuries.

Selon les contacts, les amis et les parrains d'un personnage, ce dernier a plus ou moins de chances de trouver ce qu'il cherche. Les “marchés noirs” se trouvent généralement non loin des Tombes ou dans les zones pas ou peu contrôlées par les TechnoBlocs.

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Et pour quelques cailloux de plus.